2. Raconter une histoire
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2. Raconter une histoire

2. Raconter une histoire


 
Conte, fable, poème, chanson… Les histoires peuvent revêtir une multitude de formes, selon les cultures, selon les époques ! Elles nous accompagnent depuis la nuit des temps. Elles nous enseignent ; elles nous persuadent ; elles nous distraient ; elles nous inspirent. Nous y trouvons presque toujours un intérêt personnel, surtout lorsque nous avons la sensation qu’au fond elles parlent de nous. C’est pourquoi nous les aimons tant.
 
Tout le monde aime les histoires, les adultes comme les enfants. S’il n’en était ainsi, le cinéma ne serait pas cette industrie si florissante. Une histoire bien racontée en amorce d’une conférence éveille immanquablement l’intérêt du public. À travers l’histoire, l’auditeur doit comprendre pourquoi il est important pour lui de prêter attention à ce qui s’apprête à être exposé. L’histoire peut être fictive ou vécue. Elle marchera souvent mieux si toi ou le public avez un lien direct avec les protagonistes ou encore s’il s’agit de ta propre histoire. Grâce au récit, l’auditeur doit pouvoir s’identifier, identifier la problématique et surtout voir son intérêt dans l’instant, même si c’est subliminal.
 
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L’être humain se nourrit d’histoires.
 
Un discours sur la xénophobie, par exemple, pourrait commencer ainsi : « L’autre jour, tandis que je me promène dans la forêt à la tombée de la nuit, je vois une forme au loin qui vient vers moi. On dirait un monstre. J’ai peur. La forme s’approche : ça semble être un animal. Je m’apprête à lutter. La forme s’approche un peu plus et je comprends que c’est un homme. Elle s’approche encore ; et je vois que c’est mon frère. »

S’agissant d’une ouverture, l’histoire doit être très courte. Elle doit néanmoins comporter tous les ingrédients qui font les bons scénarios : une situation, des personnages, une tension dramatique, une résolution, etc. Utilise de préférence, pour la narration, le présent de l’indicatif, plus dynamique, plus vivant, plus actuel.
 

📌 Exemple

 
« Durant l’été 2017, une femme a été assassinée par son conjoint à Sofia. La femme, appelons-la « V. », a été battue pendant plus de 50 minutes avant de mourir. Le matin suivant, ses voisins ont dit à la presse qu’ils ont entendu ses cris, mais ils ne sont pas intervenus. En Bulgarie et dans beaucoup d’autres sociétés, la violence domestique est généralement vue comme étant du domaine privé. Les voisins, cependant, réagissent vite à n’importe quel autre type de bruit. »

Yana Buhrer Tavanier, New York (NY, États-Unis), décembre 2018, 7 minutes.
 
 
L’histoire vraie que raconte l’oratrice, par sa force et son caractère dramatique, aiguise l’intérêt du public. L’importance, disons même l’urgence, d’écouter jusqu’au bout devient évidente, si ce n’est vitale. Car tout le monde peut être concerné par cette horreur, s’il n’y a pas déjà été confronté.
 
 

🎓 Cas d’école n° 16

 
J’ai dit plus haut qu’une histoire en ouverture doit être courte. En fait, elle doit être proportionnelle à la longueur du discours. Ici, dans ce discours consacré aux quatre accords toltèques, l’histoire introductive occupe une bonne place parce que le discours était assez long.
 
Un jour dans une rue d’Athènes, un homme tout excité court après Socrate. Il le rattrape et lui dit :
— Socrate, Socrate, il faut absolument que je te raconte ce qu’on dit sur ta copine Angelike. C’est incroyable ce qu’elle a fait ! J’en reviens toujours pas.
— Ho ! Pas si vite Markos ! As-tu passé l’information aux trois tamis ?
— [Yeux écarquillés] Quésaco ?
— Le premier tamis est celui de la vérité. Ton histoire est-elle vraie ? L’as-tu vérifiée ?
— J’ai rien vu, rien entendu. Je regrette d’ailleurs : j’aurais vraiment aimé être là, crois-moi. Mais c’est un ami qui me l’a raconté. Angelike a littéralement…
— STOP ! Essayons maintenant le deuxième tamis. Est-ce qu’elle est bonne ?
— [Yeux brillants] Eh bé, justement, c’est ce que voulais te dire…
— L’information, Markos ! … Est-elle est bonne ? C’est le tamis de la bonté. Cette information, est-ce qu’elle dit quelque chose de bon, de bien, de bienveillant ?
— Ah… Non. C’est plutôt le contraire.
— Je vois. Tentons maintenant le troisième tamis : le tamis de l’utilité. Est-il utile, nécessaire, voire indispensable, que je sache ce que tu veux me dire ?
— [Hésitant]. Utile ? Pas vraiment.
— Alors si je comprends bien, ce que tu as à me dire n’est ni vrai, ni bon, ni utile. C’est bien ça, Markos ?
— [Soupir] Oui.
Socrate connaissait les accords toltèques avant l’heure. Les quatre accords toltèques forment un code de conduite qui nous vient des Toltèques, un peuple qui prospéra dans l’actuel Mexique entre les années 900 et 1 200 de notre ère.
 
En relatant avec mes propres mots cette fameuse anecdote des trois tamis de Socrate, je suscite forcément l’intérêt de l’auditoire. L’auditeur se demande où je veux en venir avec cette histoire. Jusqu’à ce que j’éclaircisse sa lanterne dans le dernier paragraphe qui lance le sujet des quatre accords toltèques.
 

Notes
  1.  Miguel Ruiz, Les quatre accords toltèques, Jouvence, 1995.

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