4. Présenter un spectacle
Et pourquoi pas un vrai spectacle ? Réfléchis donc à la meilleure façon d’ouvrir visuellement ton discours pour un impact maximal. Il s’agit, non plus simplement de raconter une histoire, tel que vu plus haut, mais de jouer une histoire, comme au théâtre, comme au cirque, dans le but d’impressionner, de frapper les esprits, afin que chacun saisisse dans un éclair son intérêt personnel à poursuivre l’écoute jusqu’au terme du discours.
Si une idée de mini-spectacle te vient spontanément, lance-toi courageusement et sans délai. Travaille minutieusement l’écriture du scénario. Tu te distingueras en réalisant ce que peu d’orateurs imaginent et osent mettre en œuvre. Et tu as toutes les chances de marquer de précieux points en prenant ce risque. Consacre tout le temps requis à la mise en scène. Ton spectacle doit permettre à chacun de saisir rapidement la problématique et de se rendre à l’évidence de t’écouter.
Que chaque auditeur devienne spectateur.
Le lien entre le spectacle et le sujet doit paraître naturel, coulé de source, et non pas forcé, tiré par les cheveux. Présente par exemple un spectacle de marionnettes pour décrire les manipulations des lobbies ou les interactions entre différents protagonistes. Lance-toi vaillamment dans la jonglerie afin d’illustrer les difficultés organisationnelles et administratives des chefs d’entreprise.
Une fois choisi le type de spectacle, vois comment filer la métaphore. Dans le cadre du jonglage, tu pourrais donner à chaque quille le nom d’un problème récurrent que rencontre un petit patron dans l’exercice de sa fonction. L’essentiel est que ton entame de discours soit courte, démonstrative et impactante.
📌 Exemple
« Parlons des attentes… Regardez ! [Chants] Oui ! [Applaudissements] Selon moi, ce qui est intéressant à ce sujet, c’est que peu importe l’endroit où je me trouve, peu importe, chaque spectateur comprend… pour une raison qui m’échappe, c’est la gamme pentatonique… »
Bobby McFerrin, World Science Festival, 12 juin 2009, 3 minutes.
Bobby McFerrin, World Science Festival, 12 juin 2009, 3 minutes.
Le chanteur Bobby McFerrin assure le spectacle avec très peu de moyens, non pas pour le public, mais avec le public, de façon interactive. Il nous montre de manière saisissante les aptitudes musicales innées de notre cerveau et nous apporte la preuve incontestable que la gamme pentatonique est une gamme naturelle. S’agissant d’un spectacle musical, la transcription ne donne pas la mesure de l’événement. Je t’invite donc à regarder au plus tôt cette prestation absolument époustouflante.
🎓 Cas d’école n° 18
Cette conférence développe le thème de l’influence de l’esprit sur les événements. Afin d’introduire le sujet, je simule artisanalement la reproduction d’une expérience du Dr Peoc’h réalisée dans les années 1980. Pour assurer la démonstration, j’ai découpé une silhouette de robot et une silhouette de poussin, et disposé sur la table de présentation une grande feuille blanche.
Pendant longtemps, les hommes ont pensé qu’il n’était pas envisageable de changer le monde autrement que par l’action humaine ou l’intervention d’un dieu. Mais depuis que Max Planck a posé les fondations de la physique quantique au début du XXe siècle, la science a démontré qu’il est possible d’influer sur les événements par la pensée.L’une des plus spectaculaires expériences sur l’intention est celle de René Peoc’h au début des années 1980. [Je fais se déplacer le poussin à la suite du robot en mouvement] Pendant deux ou trois jours, il conditionne des poussins afin qu’ils prennent pour leur mère un petit robot aux déplacements parfaitement aléatoires. « Piou ! Piou ! Piou ! », je vous le fais avec les doublages : « Maman ! Maman ! Maman ! » Ensuite, chaque poussin est isolé pendant plusieurs minutes dans une cage en verre, en présence du robot en mouvement [je mets le poussin sous un verre de table]. [Main sur la bouche] « Maman ! Maman ! Maman ! » (le verre est insonorisé). Et regardez ce qui se passe [un feutre caché derrière le robot assure le traçage des déplacements] : le robot s’approche irrésistiblement de la cage. Par la force de sa pensée, le poussin réussit à attirer le robot et à le maintenir aux abords de la cage. « Je suis ta mère ! » [avec une voix de robot].René Peoc’h a réalisé cette expérience 600 fois pendant 4 ans avec 2 500 poussins en enregistrant tous les mouvements du robot. Sa thèse publiée en 1986 révèle que le robot, programmé pour des déplacements aléatoires, a passé en moyenne 2,5 fois plus de temps proche de la cage en verre qu’à l’écart. Pour certains poussins (des leaders assurément), le robot s’est dirigé directement vers la cage et a passé tout son temps à proximité. [Je montre la feuille avec le parcours tracé au feutre]. N’est-ce pas impressionnant ?
En introduction de cette conférence, j’aurais pu simplement lancer la vidéo visible sur YouTube. Mais il m’a paru plus judicieux, pour susciter l’intérêt de l’auditoire, de bricoler un petit spectacle reprenant les éléments de l’expérience. La mission est remplie grâce à l’aspect ludique et artisanal de la démonstration. Dans la suite du discours, je donne des clefs pour poser efficacement une intention.
Notes
- « Rome toute seule n’a-t-elle pas produit un nombre presque infini de grands capitaines, tandis qu’elle compte à peine quelques orateurs distingués ? De même, nous avons vu paraître au sénat d’habiles politiques, de grands hommes d’État ; nos pères et nos ancêtres en ont vu davantage encore, tandis que plusieurs siècles se sont écoulés sans produire un bon orateur, et qu’on en trouve à peine un supportable par génération. » Cicéron, Les trois dialogues de l’orateur, livre I, chap. II.
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