5. Utiliser l’humour
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5. Utiliser l’humour

5. Utiliser l’humour


 
L’humour est sans aucun doute l’un des outils les plus délicats à manier. Ce qui est amusant dans un certain contexte ne l’est pas forcément dans un autre. Ce qui fait rire ou sourire un public peut ne pas marcher avec un autre. S’aventurer sur le terrain de la plaisanterie peut s’avérer périlleux, le risque étant de faire un bide et de laisser planer un malaise qui pourrait te faire perdre tes moyens d’entrée de jeu.

Mais si tu ne crains pas la déstabilisation ou si tu te sens vraiment à l’aise avec cette arme redoutable, alors tu devrais l’utiliser chaque fois que cela t’est possible. Les émotions, d’une manière générale, et la joie en particulier, facilite la connexion entre les individus. Pratique l’humour en racontant une blague, une devinette ou en faisant preuve d’autodérision. Si tu n’as que très peu l’habitude de sortir des bons mots dans la vie courante, entraîne-toi au préalable avec tes amis et observe leurs réactions avant de te lancer sur scène. Plus que pour toute autre technique, l’usage de l’humour nécessite de bien connaître l’audience à laquelle tu t’adresses. Tous les humoristes, à l’instar de Pierre Desproges, le savent : « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. »
 
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L’humour : arme de séduction massive.
 
Supposons que tu aies à produire une conférence sur la contraception (pour l’exemple, peu importe la position de l’orateur). Tu pourrais parfaitement envisager une ouverture telle que celle-ci : « Savez-vous comment on appelle une femme qui a oublié de prendre sa pilule contraceptive ? … Maman ! »

Les mots ne sont pas seuls importants : la façon de raconter une histoire drôle joue pour beaucoup dans l’effet obtenu. Même si ton texte est bon sur le papier, teste plusieurs façons de le dire, en variant la voix, l’expression faciale, les gestes, les déplacements, les pauses. Et surtout, soigne la chute ! Elle doit tomber sans approximation.
 

📌 Exemple

 
« Probablement, nombre d’entre vous connaissent l’histoire des deux marchands qui se rendirent en Afrique dans les années 1900. Ils furent envoyés là-bas pour y chercher des opportunités de vendre des chaussures. Chacun d’eux envoya un télégramme à Manchester. Le premier écrivit : “Situation désespérée. Stop. Ils ne portent pas de chaussures.” Le deuxième écrivit : “Opportunités incroyables. Ils ne portent pas encore de chaussures.” »

Benjamin Zander, Monterey (CA, États-Unis), février 2008, 20 minutes.
 
 
Avec cette petite anecdote par laquelle il débute sa conférence, le chef d’orchestre Benjamin Zander réussit à se connecter à l’auditoire en obtenant un rire généreux dès les premières secondes.
 
 

🎓 Cas d’école n° 12

 
Il s’agit ici d’un exercice de roasting : mettre quelqu’un en boîte. Ma victime était mon ami Fred dont je moquais l’obsession, largement exagérée de ma part (pour ne pas dire inventée), à vouloir toujours paraître plus jeune. Ce discours humoristique a été prononcé à l’occasion de son trente-huitième anniversaire.
 
L’actrice américaine Bette Davis disait : « On commence à s’apercevoir que l’on vieillit quand le poids des bougies dépasse celui du gâteau. »
Apparemment, notre ami Fred, « l’éternel jeune homme », l’a bien compris. Plutôt que d’agrandir son gâteau d’anniversaire, il a choisi de ne mettre qu’une seule bougie dessus. Malin !
 
L’humour bienveillant, s’il est habilement manié, entraîne de la bonne humeur, de la joie, chez les participants. Et la joie est une émotion qui facilite la connexion entre les êtres. L’humour s’imposait donc dans cette ouverture pour rassembler tout le monde autour de l’anniversaire de Fred. En principe, un seul trait d’humour suffit dans une introduction. Mais comme il s’agissait d’une mise en boîte assumée, démarrer par une salve me permettait de donner le ton et d’assurer dans le même temps une solide connexion avec les invités.
 
 

Notes
  1. « Ce sel de l’esprit, qui assaisonne le discours d’un orateur, nous donne, pour ainsi dire, une soif de l’entendre. » Quintilien, Institution oratoire, livre VI, chap. III.
  1. « […] Nul doute que de provoquer le rire ne soit une des ressources de l’orateur : la gaieté dispose à la bienveillance en faveur de celui qui la fait naître. » Cicéron, Les trois dialogues de l’orateur, livre II, chap. LVIII.

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