6. Établir un constat
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6. Établir un constat

6. Établir un constat


 
Dresser un constat, c’est rapporter des faits supposés authentiques, rendre compte d’une situation observée. Une constatation gagne à être précise, chiffrée, située dans l’espace et dans le temps, éventuellement validée par une autorité, afin qu’elle ne souffre à chaud d’aucune contestation, qu’elle n’éveille aucun doute sur le moment.
 
Établir un constat pose d’emblée le cadre de ton propos afin que les spectateurs comprennent immédiatement en quoi il est impératif qu’ils écoutent ce que tu as à leur dire. En fonction du choix qu’il en est fait et de la façon dont il est exposé, un constat amène les auditeurs à se désoler (injustice, gaspillage, lourdeur…) ou au contraire à se réjouir (succès, croissance, bénéfices…), dans l’attente d’en savoir plus sur les causes, les responsables et les nouvelles perspectives.
 
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L’auditoire doit être concerné, captivé, récompensé.
 
« Selon l’Observatoire National du Suicide, le suicide est en France la deuxième cause de mortalité chez les adolescents. » Voilà en préambule un constat qui ne peut que susciter l’intérêt des parents d’adolescents, des enseignants, des éducateurs. Détermine bien, à l’avance, ce que tu vises avec ce genre d’ouverture. Les constats clairement polarisés, qu’ils soient positifs ou négatifs, ont tendance à soulever un vif intérêt de la part du public, voire des passions : tu insistes par là sur le devoir de t’écouter. Un constat neutre, en revanche, a plutôt vocation à simplement lancer le sujet. Pense aussi à inscrire ton constat dans le temps de façon implicite ou explicite : « de nos jours », « l’année dernière ». Cela permettra à chacun d’évaluer l’urgence d’une action éventuelle ou de mesurer l’évolution, soit en progrès soit en recul, par rapport à une situation initiale donnée.
 

📌 Exemple

 
Joseph Staline en 1941.
 
« La question de la guerre ou de la paix entre dans une phase qui pour nous est critique. Si nous concluons le traité d’assistance avec la France et la Grande-Bretagne, l’Allemagne renoncera à la Pologne et recherchera un modus vivendi avec les puissances occidentales. La guerre sera écartée, mais par la suite les événements pourront prendre un caractère dangereux pour l’URSS. Si nous acceptons l’offre de l’Allemagne pour la conclusion d’un pacte de non-agression, elle attaquera naturellement la Pologne et l’entrée de la France et de la Grande-Bretagne dans cette guerre deviendra inévitable. L’Europe de l’Ouest sera prise dans des troubles et des désordres sérieux. Dans ces conditions, nous aurons de grandes chances de rester en dehors du conflit, et nous pouvons espérer une entrée en guerre favorable pour nous. »

Joseph Staline, Moscou, 19 août 1939, 816 mots.
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Lire le texte intégral.
 
C’est par un simple constat que s’ouvre ce discours qu’aurait prononcé Staline durant le plénum du Politburo le 19 août 1939. À l’écoute de ce constat, chacun perçoit clairement et sans ambiguïté l’importance de s’intéresser à la suite du discours.
 
 

🎓 Cas d’école n° 20

 
Voici l’un de mes discours en faveur d’une réduction de notre consommation de viande et de produits laitiers vue sous l’angle écologique.
 
Nous avons tous conscience du rôle que joue l’énergie et notamment les transports dans le dérèglement climatique. Mais aujourd’hui, la production de la viande et des produits laitiers est de plus en plus suspectée de nous mener tout droit à une véritable catastrophe écologique.
Nous avons donc voulu nous faire une idée plus précise de la véritable empreinte climatique des entreprises de cette filière. C’est l’objet de ce rapport, « Émissions Impossibles », publié en juillet 2018 par l’ONG GRAIN et l’IATP (Institute for Agriculture and Trade Policy).
Ces organismes ont découvert que la quantité des émissions de gaz à effet de serre produites par les grands producteurs de viande et de produits laitiers pèse d’un poids considérable sur le climat. Un poids comparable aux émissions produites par le secteur énergétique. Cela signifie que si nous voulons être efficaces dans la lutte contre le changement climatique, nous devons absolument prendre en compte les activités du secteur viande et produits laitiers.
 
Partant du constat que l’impact sur le dérèglement climatique de la filière viande et produits laitiers est comparable à celle de la filière énergétique, l’orateur glisse dans son ouverture que chacun peut agir pour la planète. C’est cette prise de conscience de la responsabilité individuelle qui suscite l’intérêt. L’auditeur est alors dans l’attente de solutions et d’actions à engager.

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