6. Exprimer une demande
Exprimer une demande, c’est faire savoir à son interlocuteur que l’on souhaite obtenir quelque chose de sa part. Dans le cadre d’un discours, la demande concerne le plus souvent un passage à l’action, comme un vote, un financement, une sanction ou au contraire une faveur…
En exprimant une demande, tu donnes de l’importance à ton auditoire. Tu fais preuve d’humilité en lui offrant un pouvoir de décision et d’action. Dès lors, tes auditeurs seront attentifs à ce que tu t’apprêtes à dire et auront hâte de découvrir la façon dont tu vas justifier ta demande durant le développement de ton discours. Nombreuses sont les personnes naturellement prêtes à rendre service. Mais avant d’accepter de satisfaire ta requête, elles ont besoin d’entendre les conditions du contrat. Elles ont besoin de connaître le prix à payer. C’est pourquoi ces personnes seront très attentives pendant la suite de ton intervention, pour ne pas rater le moindre sous-entendu, pour ne pas passer à côté du plus petit astérisque.
La première demande, c’est le temps.
Ta demande devra être exprimée le plus simplement possible, de manière à ce que l’auditeur ne subodore pas un piège. Une formulation alambiquée le rendrait méfiant, voire hostile. Le fait même qu’il s’agisse d’une demande doit être immédiatement compris. Aucune ambiguïté n’est permise dans cette technique. Pour cela, une formule on ne peut plus explicite sera employée : « Je suis venu vous demander… » Le choix du verbe dépendra de l’auditoire et de l’ampleur que tu souhaites donner à ton propos : demander, supplier, implorer, solliciter, prier, en appeler, souhaiter, inviter, quémander, adjurer, mendier… Il existe une multitude de nuances et de possibilités. À toi de trouver le ton juste.
Il est aussi possible de formuler une demande sous la forme d’une question qui implique une tacite approbation ou un passage à l’action immédiat. Une conférence sur l’authenticité dans les rapports humains pourrait débuter ainsi : « Pouvez-vous regarder maintenant votre voisin ou votre voisine dans les yeux, sans rien dire, pendant une minute ? » Encore une fois, plusieurs formules s’offrent à toi : « Voulez-vous… ? », « Acceptez-vous… ? », « Daignez-vous… ? », à décliner à l’indicatif ou au conditionnel : « Voudriez-vous… ? »
📌 Exemple
« J’ai l’honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l’Assemblée nationale l’abolition de la peine de mort en France. »
Robert Badinter, Paris (France), 17 septembre 1981, 88 minutes.
Robert Badinter, Paris (France), 17 septembre 1981, 88 minutes.

Ce discours à l’Assemblée nationale du Ministre de la Justice, sous la présidence de François Mitterrand, commence par une requête sans détour. L’orateur se place en humble demandeur grâce à une formulation d’une grande sobriété qui intensifie la gravité de l’instant. C’est direct et sans fioritures. L’auditoire ne peut qu’être captif. Chacun attend maintenant l’argumentation avant de prendre une décision.
🎓 Cas d’école n° 6
Voici un discours sur la façon de vaincre la procrastination que je n’ai jamais donné, car je l’ai jugé finalement trop médiocre. Mais son ouverture peut parfaitement illustrer la technique de la demande.
Voudriez-vous vous lever, s’il vous plaît ? [le public se lève]… Très bien ! Vous pouvez vous applaudir : vous avez fait le plus difficile. Vous êtes passés à l’action… Vous pouvez maintenant vous rasseoir… Vous êtes passés à l’action parce que ça ne demandait que peu d’effort, ce n’était pas fatigant, et ce n’était pas difficile. Peu d’effort, pas de fatigue, aucune difficulté. C’est exactement ce qui caractérise un Tout Petit Rituel : peu d’effort, pas de fatigue, aucune difficulté.
La demande exprimée en tout début d’ouverture implique une action immédiate. Celle-ci est mesurable par tous. Le public étant d’emblée plongé dans l’action par cette demande, son attention est dirigée d’office vers l’orateur. Le message que s’apprête à délivrer ce dernier trouvera alors le meilleur accueil.
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