6. Parler de nous
« Nous », c’est toi et le public, toi et chacun des participants à ta conférence. Par ce simple mot, tu peux les relier les uns aux autres et tous à toi, sans avoir à rentrer dans les détails de la relation. L’auditeur se sent immédiatement impliqué. Il se sent nourri dans ce besoin naturel d’appartenance que nous avons tous sans exception.
Le « nous » est donc un procédé avantageux pour se connecter avec le public, car il détermine ce qu’il y a de communs entre toi et les auditeurs. Il met l’accent sur le lien qui vous unit. Avec le « nous », tu descends de ton piédestal de conférencier. Tu n’es pas le professeur face aux élèves, le sachant face aux ignorants, l’accusateur face aux coupables. Le « nous » est rassembleur, inclusif par essence. Là où le « vous », séparateur et exclusif, marque parfois la distance. Avec le « nous », tu te rapproches de tes auditeurs, tu leur montres éventuellement ta vulnérabilité. Le « nous » peut aussi prendre la forme d’une formule : « chers confrères, chères consœurs. » L’expression vous englobe, toi et l’auditoire, dans un même groupe, dans une fraternité.
Le nous est très cher à tous.
Durant ses conférences, Krishnamurti, figure spirituelle du XXe siècle, utilisait très souvent le « nous », car il se voyait en un être humain comme les autres, responsable de l’imperfection du monde au même titre que ses auditeurs. En fonction du public et des circonstances, choisis la formule englobante la plus adéquate : confrères, citoyens, collaborateurs : « Chers coéquipiers, nous sommes ici pour… » S’il n’existe aucun lien explicite entre toi et les spectateurs, alors utilise le simple « nous » qui est adaptable à toutes les situations et signe a minima une communauté d’intérêts de l’assemblée.
📌 Exemple
« Il y a moins de trois mois de cela, je me suis adressée à vous. Nous partagions alors tous le bonheur d’un Noël en famille. Nos pensées étaient tournées vers les liens forts qui lient toutes les générations entre elles, celles qui nous précèdent comme celles à venir. Les horreurs de la guerre ne pouvaient paraître plus lointaines, alors que ma famille et moi partagions la joie des fêtes avec la grande famille formée par le Commonwealth. Aujourd’hui, la folie de la guerre se propage de nouveau à travers le monde et notre courageuse nation doit encore une fois se préparer à survivre contre vents et marées. »
Pour Elisabeth II, Londres (Royaume-Uni), 1983, 410 mots.
📜 Lire le texte intégral.
Pour Elisabeth II, Londres (Royaume-Uni), 1983, 410 mots.
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Ce discours n’a jamais été prononcé. Rédigé dans l’éventualité d’une troisième guerre mondiale opposant l’Est et l’Ouest, il est resté classifié jusqu’en 2013. Dès la deuxième phrase, l’oratrice marque la connexion en rassemblant son peuple et sa souveraine dans le combat qui s’annonce.
🎓 Cas d’école n° 13
Le toast est un exercice de style qu’il peut être utile de maîtriser. Au cours du présent toast, donné en début d’année en hommage à mon club Toastmasters Lutèce 75 (Paris), je tente de donner une vision inspirante de la réussite. Pour l’illustrer, je raconte l’histoire vraie de Michael Edwards qui fit honneur à la devise du Baron Pierre de Coubertin, en explosant de joie à la fin de son épreuve aux Jeux Olympiques, alors qu’il était arrivé bon dernier.
Chers membres, Chers amis, en ce début d’année, en ces temps de bonnes résolutions, à l’occasion de cette première réunion de l’année de notre club, je vous invite à porter un toast à nos réussites pour 2019.La mesure de la réussite n’est pas l’argent, pas plus qu’une médaille ou un ruban. Non. Le meilleur indicateur de la réussite, c’est l’intensité de la joie que nous ressentons.
J’ai jugé que la technique « Parler de nous » était parfaitement adaptée pour ce toast rassembleur d’une communauté. J’ai exploité cinq occurrences du « nous » sous différentes formes : « Chers membres », « chers amis », « notre club », « nos réussites », « nous ressentons ». La connexion étant établie, les auditeurs se sentent totalement concernés par la suite du discours, prêts à entendre une autre façon d’envisager la réussite.
Notes
- Tu peux lire l’histoire complète à la fin de mon livre Les Sept Cavaliers du Succès.
- « L’important, c’est de participer. » Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux Olympiques modernes.
- Son histoire est racontée dans le film Eddie the Eagle, de Dexter Fletcher, 2016, 1h45. L’un des meilleurs feel-good movies que je connaisse.
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