7. Faire une promesse
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7. Faire une promesse

7. Faire une promesse


 
Faire une promesse, c’est s’engager moralement envers une personne ou un groupe de personnes, à dire quelque chose, ou à faire aboutir une action.

Si tu veux susciter l’intérêt du public, ta promesse doit être crédible. Pour cela, je te suggère de la traiter comme un objectif digne de ce nom, c’est-à-dire d’en faire une promesse SMART : Spécifique, Mesurable, Acceptable, Réaliste, Temporelle.

Une promesse spécifique est une promesse claire, précise, compréhensible et formulée avec concision. Elle est mesurable si sa réalisation peut être évaluée quantitativement ou qualitativement. Pour être acceptable, une promesse doit respecter les gens et l’environnement, être en accord avec le précepte d’Hippocrate : « primo non nocere » (premièrement, ne pas nuire). Réaliste signifie que sa concrétisation est objectivement envisageable compte tenu des moyens humains, matériels et financiers à disposition. Et enfin, pour qu’une promesse soit temporelle, il est nécessaire qu’elle soit inscrite dans le temps, que sa réalisation soit envisagée dans un délai explicitement énoncé.
 
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Une promesse SMART, c’est un engagement qui transforme une intention en conviction.
 
La grande majorité des promesses sont assorties d’une condition. Dans la plupart des cas, la condition d’une promesse d’orateur est implicitement : « Si vous écoutez ma conférence jusqu’au bout ». Les hommes politiques sont les plus habitués à faire des promesses dans leur discours, surtout en période électorale. Henri Queuille (1884-1970), Président du Conseil sous la IVe République, disait cyniquement : « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. » La condition implicite d’un discours électorale est : « Si je gagne les élections. » La suite du discours s’emploiera à détailler les moyens qui permettront de tenir la promesse, le premier de ces moyens étant le vote favorable. Petit florilège de promesses électorales : se baigner dans la Seine, réduire la fracture sociale, combattre la finance, supprimer le Sénat, donner le droit de vote aux femmes.

Grâce à une promesse SMART formulée dans les règles de l’art, tes auditeurs verront clairement leur intérêt à suivre ta conférence.
 

📌 Exemple

 
© Henri Roger-Viollet, 1940.
© Henri Roger-Viollet, 1940.
 
« Avec le discours que j’ai l’intention de prononcer devant vous, je fais une exception à la règle que je me suis imposée : c’est-à-dire de limiter au minimum possible les manifestations de mon éloquence. Oh, s’il était possible de l’étrangler, comme conseillait un poète, l’éloquence verbeuse, prolixe, ne concluant pas, démocratique, qui nous a fourvoyés pendant si longtemps ! Moi, je suis donc sûr, ou au moins je me flatte d’avoir cette espérance que vous n’attendez pas de moi un discours qui ne soit pas pleinement fasciste, c’est-à-dire squelettique, âpre, direct et dur. »

Benito Mussolini,
Udine (Italie), 20 septembre 1922, 4 900 mots.
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Lire le texte intégral.
 
À la fin de l’ouverture de ce discours prononcé quelques semaines avant sa marche sur Rome, le Duce prononce, dans une formule alambiquée (avec double négation), une promesse attendue selon lui par son public : celle de faire un discours ouvertement fasciste.
 
 

🎓 Cas d’école n° 21

 
Encore une conférence sur le bonheur. Et une question fondamentale : l’argent fait-il le bonheur ? Oui et non : tout dépend comment on dépense son argent. Car les expériences apportent plus de bonheur que les objets.
 
« Si l’argent ne fait pas le bonheur, rendez-le. » C’est ce que disait Jules Renard. Sur le lien qui existe entre argent et bonheur, les études sont vraiment contradictoires. Certaines disent : « Oui, l’argent fait le bonheur. » D’autres disent : « Mais non, pas du tout, ça n’a rien à voir. » Alors ce soir… je ne trancherai pas. Mais ce que je peux vous dire en revanche, c’est que dans quelques minutes vous connaîtrez une façon, UNE façon, de faire en sorte que votre argent contribue immanquablement et durablement à votre bonheur.
 
Cette ouverture se termine par une promesse propre à susciter l’intérêt du public. Car tout le monde a envie de connaître la recette du bonheur. La promesse est la suivante : « Dans quelques minutes, vous connaîtrez une façon d’être heureux grâce à l’argent. » Entendons-nous bien, elle n’est pas : « Dans quelques minutes, vous serez heureux. » Elle porte uniquement sur la connaissance d’un moyen.
Voyons si cette promesse est SMART. Est-elle spécifique ? Oui : « vous connaîtrez une façon… », c’est bien spécifique. Est-elle mesurable ? Oui : les auditeurs seront capables d’évaluer leur niveau de connaissance de la méthode promise. Est-elle acceptable ? Sans doute, puisque rien ne permet de dire qu’elle est inacceptable. Est-elle réaliste ? Oui, acquérir une connaissance aussi simple est à la portée de tous. Est-elle temporelle ? Oui, la promesse sera tenue « dans quelques minutes », autrement dit, à la fin de la conférence. Grâce à cette promesse qui achève l’ouverture, l’auditoire est donc dans les meilleures dispositions pour suivre la conférence jusqu’au bout et découvrir le secret.
 
 

Notes
  1. Guillaume Steffens, Les objectifs SMART, 50minutes, 2015.
  1.  Bruno Fuligni, Une histoire amusée des promesses électorales : de 1848 à nos jours, Tallandier, 2017.

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