7. Marquer un silence
Je conseille toujours de faire une courte pause avant d’entamer un discours. Mais ici, nous parlons de faire un vrai long silence qui en impose. Peu de chose à dire sur cette technique qui « parle » d’elle-même.
Au fur et à mesure que le silence s’installe, l’attention du public s’accroît dans l’attente de la rupture. Le silence initial met en valeur l’ouverture et lui donne de l’importance. La parole attendue est prometteuse.
La parole naît du silence et y retourne. C’est dans cet espace entre deux longs silences qui le rendent si précieux, que l’auditoire a accès au propos de l’orateur.
Le silence est l’écrin du verbe.
Tu n’es pas limité dans le nombre de techniques à utiliser à l’intérieur de ton ouverture. Commence donc systématiquement par un silence avant de déployer tes autres armes. Tu auras déjà gagné une bonne part de l’attention de l’auditoire. Une attention que tu pourras faire monter encore dès les premiers mots. Pourvu que la suite ne déçoive pas, l’attention restera à un niveau intéressant pour que tu puisses ensuite établir la connexion, susciter l’intérêt et lancer le sujet.
La durée idéale de ce premier silence n’est pas toujours la même. Tout dépend de l’ambiance générale, de la réceptivité du public, de la gravité du propos. Trouve le bon dosage en chaque occasion. Et montre ta maîtrise en rompant le silence pile au bon moment.
📌 Exemple
« [Long silence] Soyez honnêtes ! Ça vous a plu, n’est-ce pas ? Maintenant, faites-moi plaisir ! Récitez-moi entièrement le titre de tête maintenant. Allez ! Pas tous à la fois. Attendez une minute. Vous voulez dire que vous n’êtes pas capables de vous souvenir des 57 mots de ce titre ? Moi non plus. Mais savez-vous ce que cela prouve ? Ce n’est pas parce que vous en dites plus que les gens se souviendront de ce que vous dites. »
Aaron Beverly, Toastmasters, 31 octobre 2016, 7 minutes.
Aaron Beverly, Toastmasters, 31 octobre 2016, 7 minutes.

Juste avant son intervention, l’orateur laisse s’installer un très long silence. Il laisse ainsi à l’émotion le temps de retomber après la lecture par l’animateur de son titre vertigineux. Il ne démarre que lorsqu’il est assuré que toute l’attention du public s’est reportée sur lui.
🎓 Cas d’école n° 7
Pas d’école aujourd’hui : c’est férié ! C’est la journée mondiale du silence. Je rêve qu’une telle journée existe : une journée où tout le monde se tairait et tenterait de provoquer le moins de bruit possible.
J’aurais pu prendre, pour illustrer la technique du silence, n’importe lequel de mes discours (à part le tout premier), car c’est une technique que j’utilise systématiquement pour attirer l’attention. Mais ça n’aurait eu aucun sens à l’écrit, tu t’en doutes. Voici plutôt une petite anecdote.
Un jour (j’étais au collège), le professeur d’histoire nous rend les copies d’un contrôle que nous avions fait la semaine précédente, en nous appelant un par un. Une fois les copies distribuées, il cherche à prendre la parole, vraisemblablement pour nous livrer une appréciation générale sur nos devoirs. Mais pour nous, il n’existe plus. La classe est animée d’une fièvre totale. Les uns sont tristes ou déçus, d’autres sont soulagés ou ravis, d’autres encore s’en moquent complètement. Chacun commente ses résultats ou les compare avec ses voisins directs. Pendant ce temps, le professeur continue de prononcer des débuts de phrases inaudibles, couvert par le brouhaha.Las, il décide de se retirer dignement dans un silence de prédateur déterminé, nous fixant intensément… sûr de sa victoire. Effectivement, après quelques secondes, sa patience commence à payer : le volume sonore baisse progressivement, quelques élèves ayant remarqué sa statue en embuscade. Puis, tout d’un coup, le brouhaha résiduel tombe avec la brutalité d’une panne de courant. Au moment même où un élève, se croyant toujours couvert, hurle à un autre deux rangs derrière lui : « Putain, j’ai tout pompé sur le bouquin, j’ai que 12 !… »
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